C'est pour TOI que je le fais! [Billou x3]

Bill n'avait pas eu cours ce matin. Malheureusement, il avait quand même dû se lever puisque ce n'est qu'une fois au lycée que les étudiants avaient été averti de l'absence de leur professeur. Tant pis, durant ces quatres longues heures, le beau brun s'était promené en ville, arpentant les moindres boutiques, les moindres rues. Evidemment, quelqu'un l'avait accompagné. A croire que Tom avait demandé au meilleur ami de Bill de ne jamais le lâcher mais non...l'androgyne frôlait la paranoïna. Elliot, cet ami, tenait juste énormément au brun et avait tenu à lui tenir compagnie.
Tous les deux avaient été boire un café dans un bar, non-fumeur, ensuite, ils avaient été essayé des tas de vetêments dans une boutique plutôt branchée. Forcément, entre eux, c'était des parties de fou-rires assurés. Le patron avait vite fait de les mettre dehors, limite avec un coup de pied au derrière, ne supportant pas de voir deux étudiants mettre des vetêments dans l'unique but de se moquer.

L'heure du retour aux études avait sonné. Bill revint alors avec son ami mais il était plutôt de bonne humeur alors il fit vite de le taquiner, l'embêtant sur le baiser qu'il avait donné à une fille, qui ne lui plaisait absolument pas. Elli avait embrassé cette fille lors d'une soirée, alors qu'il avait un taux d'alcool trop important dans le sang.

-La ferme!

Bill était mort de rire. D'ailleurs, il accéléra un peu le pas pour éviter de se faire gentiment frapper puis regarda par hasard dans une autre direction, jusqu'à ce que ses yeux presque noirs se posent sur la pauvre jeune fille.
L'androgyne lança un regard malicieux à son ami avant d'éclater de rire, bruyamment dans les couloirs. Evidemment, la réaction du garçon ne se fit pas prier. Il se mit à courir après le brun, qui entama une course également.

-Bill!!

Ignorer la cause de cet appel n'était pas difficile. Elli s'inquiétait énormément de l'état de santé de son meilleur ami et il ne voulait pas qu'il risque de faire une crise ici. Bill lui, voulait montrer à tout le monde qu'il était comme les autres, bien que ça ne soit pas le cas.
En tournant dans l'angle de l'établissement, l'androgyne se stoppa puisqu'il aperçut son double.

-Tom!

Bill trottina doucement jusqu'à lui et le serra contre lui. Il l'avait vu le matin même mais il ne pouvait s'empêcher de lui donner ses gestes les plus tendres. Son coeur battait rapidement, mais ce n'était pas vraiment alarmant.

Bill était plus qu'heureux de voir son frère. S'il le pouvait, il passerait ses journées avec son double. Mais un jour, Tom saura tout ce que ressent exactement l'androgyne à son égard. Ce n'est pas uniquement de la fraternité. Pas de l'amour non plus, mais le brun lui expliquera un jour, avant de mourir. Il y a tellement de choses qui passent dans son esprit. Depuis le jour où il a apprit qu'il était gravement malade, Bill a prit conscience de certaines choses, très importantes.

-'lut mon Billou.

Entendre ces mots, sentir ses lèvres sur sa peau. Bill passerait des heures entières à vivre ces instants de bonheur. Il recula doucement son visage et esquissa un faible sourire. Ses yeux se plongèrent dans ceux de son reflet. Evidemment, l'état de fatigue de son frère ne passait pas inaperçu mais l'androgyne se retenait de lui faire des leçons de moral, ça risquerait de s'envenimer par la suite.
Le voir bailler de cette façon ne pût que faire rire Bill, qui se depêcha de presser ses douces lèvres sur la joue de son double.

-Tu rentres à la maison maintenant?

Bill n'avait pas eu cours de la matinée, et maintenant, il n'avait plus du tout goût aux études. Les cours de l'après midi se résumait à Mathématiques et sciences. Rien de passionant.

-Bin...Je sais pas. Elli...Il est où?

Bill fronça les sourcils, il aurait bien voulu demander à son ami ce qu'il comptait faire mais ce dernier s'était eclipsé. L'androgyne connaissait la raison. C'était simple. Pour le brun, il n'y avait que Tom qui comptait. Quand ce dernier était là, Bill ne voyait plus le reste, et Elliott devait bien le ressentir. Malheureusement pour lui, l'androgyne l'aimait bien oui, mais juste au sein du lycée. Pour ce qui étaient des activités extérieures, jamais ils ne s'étaient contactés. Bill était comme ça... Tom était toute sa vie. Et les autres ne comptaient pas.

-Bon...Tu rentres avec moi? Comme ça tu t'reposes parce que... désolé mais tu as une mine à faire peur. Faut que tu dormes.

C'était plus fort que lui.
Bill devait absolument s'inquiéter pour lui, il n'arrivait pas à faire autrement. Lentement, il glissa sa main manucurée dans celle de son frère et entremêla leurs doigts. Les étudiants avaient l'habitude de les voir proches, Bill n'avait vraiment aucune gêne. Ca dérangeait peut-être Tom, mais dans ce cas, il n'aurait qu'à le faire savoir, le brun pourrait comprendre.

-J'avais l'intention de rentrer oui. Mais j'irai pas me reposer, j'ai du travail.

Du travail? C'est ça oui.
Bill fronça les sourcils et se laissa entrainer par son frère, jusqu'à la sortie de l'établissement. Leurs mains enlacées montraient qu'ils s'aimaient plus que tout, et qu'ils se foutaient du regard des autres. Après tout, ils étaient frères et risquaient d'être séparés à jamais à n'importe quel moment alors autant profiter amplement des derniers instants.
Le brun souffla silencieusement, content d'enfin rentrer chez lui mais réfléchit quand même à ce que lui disait son reflet. Rentrer pour bosser, ça ne lui était jamais arrivé. Bill regarda droit devant lui, gardant la légère pression de leur main puis enfonça l'autre, qui était libre, dans la poche de son jean. Certains étudiants les regardaient avec le sourire. Ceux-ci étaient soit des amis, soit des gens tolérants qui appréciaient le fait que des frères s'aiment autant qu'eux. D'autres élèves les regardaient méchament, ou avec dégoût. Eux, Bill ne s'en occupait pas. Il était assez intelligent pour savoir qu'il fallait profiter des instants que la vie leur offrait ensemble. Elle était bien assez courte comme ça.

-Tu travailleras plus tard, et me contredis pas. Tu te reposes au moins une ou deux heures et j'te surveille. Tu vas finir complètement endormi si tu continues et j'ai pas envie de devoir t'emmener à l'hopital parce que tu n'auras pas assez mangé, ou dormi. Je passe assez de temps là haut pour t'assurer que c'est pas agréable.

L'androgyne savait se faire convainquant. Et d'une manière ou d'une autre, il réussirait à inciter Tom à se reposer. Pas question qu'il rentre pour travailler, Bill se le promettait et il n'était pas du genre à trahir ses promesses.
Il soupira silencieusement et remonta la sangle de son sac sur son épaule avant de remettre sa main dans sa poche.
Le portail du lycée franchi, les jumeaux marchèrent enfin jusqu'à leur domicile. Le brun, avec sa maladie, s'épuisait vite et il devait bien avouer que là, il rêvait d'une bonne nuit de sommeil. Les médicaments qu'il prenait l'assomait, et les battements de son coeur irréguliers et trop rapide dans les moments d'efforts n'arrangeaient rien à son état.

-Bill, c'est vraiment important. Je dois bosser, j'ai pas le choix.

L'androgyne soupira profondément. A quoi bon répondre? Lui dire qu'il s'en foutait, que sa santé devait passer avant tout? Ca ne servirait à rien, Tom voudrait bosser et il ferait tout ce qui en son pouvoir pour évincer son petit frère. Malheureusement, l'androgyne ne voulait pas prendre le risque que son double tombe dans les pommes à cause de son manque de sommeil, alors il serait extrêmement chiant s'il le fallait mais il ferait son maximum pour raisonner son double.

Une fois devant la maison, Bill laissa son frère s'occuper d'ouvrir la porte. Il entra donc avant lui et posa doucement son sac, presque vide, dans un coin de la cuisine. Il avait la flemme de monter maintenant mais en voyant la précipitation de son reflet, l'androgyne eut peur qu'il s'enferme, et empêche ainsi le brun s'agir pour l'empêcher de travailler et le forcer à se reposer. Bill tendit son bras dans le but d'attraper la manche de Tom mais c'était trop tard, ce dernier était déjà au milieu de l'escalier.

-Tom!!

Bill soupira et coura après lui, dans l'escalier. Ce n'est qu'en le voyant étalé sur le sol qu'il accéléra un peu plus sa course. Il n'était pas question de le laisser filer maintenant. L'androgyne posa une main sur l'épaule de Tom, et l'autre sur son propre coeur. Il avait encore accéléré et une toux ne tarderait pas à bloquer tous les mots dans sa gorge. Il s'empressa d'avaler sa salive et toussota faiblement avant d'inspirer profondément.

-T'es crevé putain! Tu vas t'allonger...Et tu travailleras demain!

Ce n'était pas un conseil, ni une question mais plutôt une affirmation ferme. Bill ne cederait pas et il forcerait Tom à se reposer. Il souffla doucement et retira sa main de son coeur malade pour s'appuyer sur le sol et se décaler pour laisser son reflet se redresser. Le brun lui tendit la main, espérant qu'il l'écoute et qu'il aille donc se reposer.

-Tom...s'te plait. J'aime pas te voir comme ça. Viens...

L'androgyne ressentait le besoin de s'occuper de lui. De changer un peu les rôles. Lui aussi avait le droit de prendre soin de son reflet, de veiller sur lui, de lui apporter à manger, de le regarder dormir pendant des heures. Pourquoi ça ne marcherait que dans un sens?

-Je peux pas!

Bill n'aimait pas que Tom lui réponde comme ça, mais il n'aimait pas non plus qu'on lui tienne tête. Or, le dreadé avait un fort caractère qui lui donnait du fil à retordre. Le brun soupira profondément tout en hochant la tête négativement. Pour le moment, il ne se précipitait pas à lui donner des ordres, son coeur lui faisait étrangement mal.
En voyant que le blond se redressait totalement, Bill en fit tout autant, se retrouvant alors debout face à lui. Il grimaça discrètement tout en remettant sa main manucurée sur son coeur. Tom ne devait pas s'inquiéter plus qu'il ne le faisait déjà. C'était déjà bien assez insupportable comme ça pour Bill d'être dans une telle situation.

-Je vais bien Bill, t'inquiètes pas pour moi.

Le brun fronça les sourcils. Tom assurait qu'il allait bien. Peut-être pour le moment, mais d'ici un jour ou deux, il tomberait dans les vapes. Bill hocha la tête de droite à gauche avant de s'humidifier furtivement les lèvres.

-C'est ça.
-Bill, c'est pour toi que je travaille avec autant d'acharnement. Alors s'il te plait, ne m'hôtes pas mes espoirs.

L'androgyne soupira silencieusement, une énième fois. Ainsi donc, si Tom était dans cet état, c'était pour son double? Ce dernier fronça les sourcils, vraiment mécontent. C'était encore pire si son reflet était aussi crevé par sa faute. A coup sûr, un hôpital lui avait laissé sous-entendre que Bill serait sauvé. C'était déjà arrivé plusieurs fois...mais à chaque fois, il y avait un problème. Soit l'organisme n'était pas compatible, soit leur sang n'était pas compatible, soit Bill n'était pas prioritaire sur les listes. Tellement d'autres choses pouvaient arriver. Le brun n'y croyait plus et il s'était fait à l'idée de mourir.

-Arrête! Tu vas te reposer maintenant! J'veux pas te voir comme ça!

Bill prit la main de son frère et l'emmena dans sa propre chambre avant de le pousser gentiment vers le lit. Il savait que ça ne se passerait pas comme ça longtemps, que Tom finirait par se rebeller mais l'androgyne ne se laisserait pas faire. Il crispa un peu sa mâchoire à cause de sa douleur mais ne laissa rien paraitre.
Le brun resta devant sa porte, au cas où son double voudrait sortir.

-Bill!

Cet appel lui passait par dessus la tête. C'est simple, ça entrait dans une oreille pour en sortir très rapidement de l'autre. Bill ne voulait pas que Tom s'épuise inutillement, c'est tout. Effectivement pour l'androgyne, c'était inutile. Le dreadé allait encore travailler jusqu'à l'épuisement pour enfin retomber de haut parce que la greffe ne pourrait pas avoir lieu. Ce même scénario était tellement prévisible.
En voyant son double s'approcher et le regarder comme ça, comme un garçon malade, Bill comprit qu'il savait qu'il souffrait. Le brun ne pouvait pas s'agiter comme il le voulait, il ne pouvait presque plus rien faire si ce n'était de rester tranquillement assis ou marcher à une allure très lente. Mais il refusait de se montrer comme tel. Certes, Bill était malade mais son frère ne devait pas le regarder comme ça et s'affoler. L'androgyne en souffrait encore plus.

-Laisse-moi descendre, j'vais chercher tes médicaments. Et me mens pas! Je SAIS que ça va pas.

Oui il savait. Bill ne le contre-dirait pas mais il ne le laisserait pas descendre. Du moins, pas avant qu'il ai meilleure mine. L'androgyne hocha la tête négativement tout en se décalant un peu afin de retirer la main de Tom, qui était posée sur la poignet. Il est clair que Bill ne faisait pas le poids, que le dreadé n'avait qu'à le prendre par la taille ou par les épaules et le pousser. Le brun n'avait pas de force, comparé à son double. Il soupira silencieusement, ravalant alors sa colère. Malgré tout, il voulait répondre, lui répéter ce qu'il lui disait tous les jours depuis que le nom de sa maladie était tombée mais Tom lui coupa la parole.

-Je sais que tu n'aimes pas quand j'agis comme ça Bill. Mais je t'aime. Laisse-moi m'occuper de toi, s'il te plait.

Bill hocha la tête positivement. En effet, il detestait quand son double agissait comme ça, en grand protecteur. C'est vrai que ça touchait énormément le beau brun mais dans ces cas-là, il se sentait malade...et pour le peu de temps qu'il lui restait à vivre, il voulait se sentir comme les autres, comme les jeunes gens qui avaient un coeur en parfaite santé. Malheureusement, avec Tom, Bill ne pouvait pas faire ce qu'il voulait. Son grand frère le surveillait toujours de très près.

-Tu te reposes.

La voix de Bill était extrêmement calme, mais tremblante. L'androgyne retenait sa colère mais aussi ses larmes, tout en dissimulant sa douleur. Ca faisait beaucoup mais il avait apprit à cacher ses émotions devant les gens, juste pour cacher sa maladie. Peu de personnes étaient au courant, et encore... Bill aurait, et avait toujours souhaité, que seul son reflet soit au courant.
Il croisa ses bras contre son torse, resserrant particulièrement celui qui était contre son coeur.

-J'ai déjà pris mes médicaments! Et pourquoi tu t'occuperais toujours de moi?! Moi aussi je t'aime, et moi aussi j'veux m'occuper de toi! J'pourrais pu le faire après alors pourquoi tu m'laisses pas!? Ca va passer...comme toujours...

Bill savait que Tom n'aimait pas quand il évoquait sa mort de près, mais il voulait lui faire comprendre ce qu'il ressentait. Il souffla doucement, étant sûr que sa douleur finirait pas s'estomper, comme à chaque fois.

-Bill, s'il te plait arrêtes. Laisse-moi passer.
-Non.

Bill était formel. Tom ne se fatiguerait pas une seule seconde de plus. L'androgyne appréciait beaucoup tout ce qu'il faisait pour lui, mais il se sur-passait et son corps ne le supporterait pas. Il était déjà extrêmement faible, ça ne servait à rien de pousser plus que le maximum ne le permettait.
Le brun vit ensuite son frère lâcher prise. Il retournait enfin sur le lit pour s'y assoir même s'il ne montrait aucun enthousiasme. L'androgyne s'en foutait totalement, du moment que Tom ne sortait pas d'ici pour se plonger dans ses travaux jusqu'au lendemain matin, sans prendre une seule seconde de repos. Ce n'était pas dans les capacités de quelqu'un d'humain. Tout être à besoin de laisser son corps se relâcher, se reposer. Tom était assez intelligent pour le savoir.

-On y est Bill. C'est pour bientôt. J'ai trouvé une clinique, j'ai trouvé un donneur, j'ai trouvé une date... l'intervention se fera.

Bill le savait... Il était sur que son frère se mettait dans des états comme ça pour lui, et cette soit-disant opération. L'androgyne était heureux, évidemment..Il allait vivre, peut-être. Mais il n'était pas sûr du tout. Les malades et leur famille savent très bien que ça ne se passe pas comme ça. Tom n'a passé qu'un coup de téléphone et à obtenu une greffe? C'était tout simplement impossible.
Bill décroisa ses bras, posa une main sur son coeur, et enfonça l'autre dans la poche de son jean.

-Mais...
-Le seul problème c'est que les frais de voyage et d'intervention sont chères. C'est pour ça que je passe plus de temps à travailler au bar de la boîte, pour gagner de l'argent! Et y a environ une semaine, j'suis tombé sur un prospectus de concours de photographie. Le premier prix... le gain que l'ont peut gagner est largement suffisant pour payer ce qu'il te faut.

Tout concordait. Mais Tom, comme d'habitude, avertissait son frère qu'à la dernière minute. Bill ne supportait pas qu'on lui cache les choses, lui, dès que quelque chose se passait dans sa vie, il avertissait son double. Que ce soit le fait qu'il trouve un stylo ou qu'il ressente une étrange douleur à son coeur. En clair, important ou non, Bill disait tout à son double. Absolument tout.

-Je sais que pour toi c'est terminé Je sais que tu pense qu'il n'y a pas d'issue. Mais moi j'y crois Bill. Cette fois c'est la bonne. Alors s'il te plait, laisse-moi travailler! Ne m'enlèves pas le dernier espoir qu'il me reste.

Bill se cala contre la porte, appréhendant la réaction de son frère. L'androgyne avait peut-être un espoir de voir sa vie plus longue, mais ce n'était pas une raison qui le pousserait à laisser son double s'épuiser.
Il soupira doucement et retira sa main de sa poche pour la poser sur le torse de son dreadé, le maintenant à une certaine distance.

-Pourquoi j'aurais ce coeur? Après tout ce temps tu ne sais pas encore comment ça marche? On est des centaines dans mon cas, je suis en bas de la liste. Les prioritaires passent avant moi Tom. Je ne suis pas sur les listes prioritaires alors explique moi pourquoi un simple appel me permetterait d'être greffé? Les noms circulent dans tous les hôpitaux et les secrétaires appellent en temps normal... Si un coeur avait été pour moi, on nous aurait appelé. Ne te réjouis pas. A chaque fois c'est comme ça... On te dire qu'ils se sont trompés, qu'un malade à eu besoin d'être opéré urgemment...ou je sais pas quoi encore.

L'androgyne soupira doucement, conscient que ses paroles ne plairaient pas du tout à son double. Il tira un peu sur son large tee-shirt et passa ses mains manucurées sur ses joues.

Bill soupira en sentant les mains de Tom sur les siennes. A coup sûr il ne se laisserait pas avoir, et il avait tort. L'androgyne faisait pourtant tout pour lui éviter de soufffrir et de retomber de haut en apprenant que la greffe se serait pas possible. Il soupira doucement une deuxième fois et glissa ses mains derrière la nuque de son double, touchant ses dreads du bout des doigts. Si seulement Tom était un peu plus obéissant, un peu plus raisonnable. Il était pourtant bien placé pour savoir que la santé était précieuse. Il se détruisait certainement pour un rêve irréalisable. Bill était pessimiste, c'est vrai. Mais pendant de nombreuses semaines il avait espéré. Il se voyait avec un coeur tout neuf. Et plusieurs fois, il avait pleuré, il avait voulu en finir plus vite que prévu. Les secrétaires appelaient en s'excusant, lui annonçant que la greffe n'était pas pour maintenant, qu'il n'y avait pas de donneur compatible, ou toutes sortes d'excuses qui faisaient évidemment très mal.

-Bill, fais-moi confiance... s'il te plait.

Lui faire confiance? Mais Tom était bien la seule personne en qui Bill avait confiance. Il ferait tout et n'importe quoi pour lui, hormis le laisser se détruire, travailler jusqu'à l'épuisement ou tout ce qui nuierait à sa personne.
Le brun hocha la tête positivement, un faible sourire accroché à son visage, et se pencha un pour déposer un baiser près du piercing de son frère. C'était un geste anodin pour lui, peut-être pas pour Tom. Il avait tellement peur de le perdre maintenant qu'il faisait de son mieux pour être présent, lui montrer à quel point il l'aimait, à quel point il était important dans sa vie. Depuis qu'il était malade, Bill se rapprochait de son frère. Il vivait ses derniers mois alors il ne laissait rien passer. Profiter était le seul mot présent dans son esprit en cet instant même. Et Tom ignorait certainement ce que ressentait le brun. Ce dernier comptait lui parler, essayer de trouver les bons mots mais aujourd'hui n'était pas la journée pour cela. Tom était trop obnubilé par son travail.

-J'ai confiance en toi. Mais attends d'être sur. Tu sais bien que tous les hôpitaux où j'ai failli être greffé demandent des analyses, des examens. Ton hopital ne me connait pas. Attends Tom, attends que j'ai passé leurs examens et attends que le chirurgien lui-même te l'affirme, avec mes résultats en main. S'il te plait.

Bill glissa une main dans sa nuque, l'effleurant du bout des doigts, alors que son autre main jouait avec quelques-unes de ses dreads. Innocemment.

-Je peux pas attendre! Je dois terminer ce dossier, c'est mon seul espoir de gagner suffisamment d'argent! Il me reste une semaine... une semaine Bill. Tu te rends pas compte mais c'est peu, trop peu pour que je puisse terminer à temps. J'suis obligé de travailler autant.. sans ça, tout s'ra perdu et je veux pas.

Bill l'écoutait mais il ne comptait pas céder pour autant. C'est vrai que ça pourrait être la bonne, mais il n'y croyait pas. Ca s'était fait beaucoup trop rapidement pour que l'androgyne puisse y croire. Les medecins ne se contentent pas d'un appel, il demande aussitôt un rendez-vous et pratiquent des examens tous plus lourds les uns que les autres.
Bill ne répondit rien, il voyait que son double commençait à en avoir vraiment marre et ce n'était pas bon pour lui, qui risquait de se faire engueuler n'importe quand. Sur le coup de la colère, on ne mesure ni ses paroles, ni ses gestes. L'androgyne soupira profondément tout en laissant Tom prendre possession de ses poignets, ça ne servait à rien de résister.
Vint ensuite le tour des larmes. Bill n'était pas dupe, il les voyait très bien et ça lui faisait terriblement mal de voir son double dans cet état. Surtout qu'il était mal par sa faute. A cause de cette foutue maladie. Elle* leur gâchait la vie.

-Tom...
-J'veux pas... j'peux pas.. J'VEUX PAS TE PERDRE BORDEL!

Bill sursauta. Il détestait quand Tom était aussi brusque et aussi agressif. Bien qu'il ne veuille pas ça, l'androgyne le percevait comme tel. Après tout, c'est lui qui avait poussé son double à bout, en le forçant à aller dans sa chambre. Mais si c'était à refaire, il le referait sans problème.
Lentement, le brun dégagea les mains de Tom et le poussa jusqu'au lit, pour l'assoir dessus.

-Je serais toujours là...

Dit-il en posant sa main manucurée sur le coeur de son reflet.
Bill esquissa un faible sourire et s'asseya aux côtés de son frère. Pour commencer, il passa un de ses bras derrière sa taille, ensuite il mit sa tête contre son épaule et respira son odeur. La seule odeur qu'il aimait. Tom était de toute façon la seule personne qu'il aimait.

-Tu ne veux pas me perdre mais tu passes ton temps dans ta chambre. J'voudrais passer du temps avec toi...Tu vois un peu les derniers jours que j'aurais eu? Mon frère qui s'isole en étant sûr de trouver une issue. Mais pendant ce temps, je suis seul.

-Je sais... mais j'ai pas le choix Bill. J'ai envie d'y croire.. j'ai envie de te sauver.

Bill le savait, et il ne remetterait pas cette parole en doute. Tom était sincère, tout le temps, et il faisait toujours de son mieux pour aider son frère, que ce soit en le ménageant ou en éclatant son forfait pour demander aux hôpitaux s'il y avait du nouveau. L'androgyne n'aurait pû avoir un frère mieux que lui. Il* était l'être qu'il aimait le plus au monde, l'être avec qui il voulait passer la fin de ses jours. Parce que oui... Bill ne se voyait pas laisser son frère de côté pour quelqu'un qui n'avait pas le même sang. C'était tellement incensé pour lui. Le deadé était sa vie.

-Je le sais Tom.

L'androgyne lui adressa un petit sourire puis laissa son frère faire ce qu'il voulait juste ensuite. A savoir, balader sa main sur son frêle corps. Passant de sa cuisse, à son buste pour rejoindre son visage. Des gestes comme ça n'étaient pas rares, mais Bill savait qu'il n'était pas le seul à en bénéficier, contrairement à Tom, qui était le seul à recevoir des gestes tendres de la part de son cadet. Ce dernier sourit doucement mais ne pût s'empêcher de laisser ses fines lèvres s'étirer un peu plus quand sa* bouche se pressa contre le coin de la sienne.

-Laisse-moi encore ce soir. Une fois mon dossier terminé, il ne me resteras plus qu'à prendre mes photos et ça, je dois le faire en journée, dans la salle de photographie de l'uni. Et... j'aurai besoin de toi parce que tu es le thème que j'ai choisis.

Juste cette soirée? Bill pensait pouvoir laisser son frère uniquement ce soir mais pour le reste, comment l'aider? L'androgyne était le thème principal mais lui et le domaine de la photographie, ça faisait deux. Il baissa doucement ses yeux presque noirs tout en s'humidifiant furtivement les lèvres.

-Juste ce soir, j'te l'promets.

En sentant la main du blond sur sa joue, le brun releva les yeux et s'efforça de sourire. Si Tom voulait avoir sa soirée pour travailler, Bill cédait mais il allait lui imposer quelques conditions.

-D'accord...mais j'te demande juste là, de rester un peu avec moi. Dix minutes...J'te demande pas plus. Et ce soir, tu fais une pause pour manger avec moi. Mmh?

-Merci Billou.

Bill aurait voulu que Tom ajoute quelque chose comme "D'accord, mais j'peux bien t'accorder une petite heure", mais il ne pouvait rien exiger. Voyant que son double acceptait sans broncher, l'androgyne regrettait de ne pas avoir été plus large sur le temps qu'ils pourraient passer ensemble. Tant pis... Peut être que quelques minutes s'ajouteront aux dix prévus, sans que les deux Kaulitz ne s'en rendent compte.
Bill lui sourit tendrement puis fût ravi de voir que le dreadé daignait enfin s'allonger sur le lit. Un peu de repos ne lui ferait pas de mal, même si ce n'était qu'un petit quart d'heure, à peine. Sa fatigue l'emporterait peut-être... mais le brun ne devait pas trop rêver. Le blond serait certainement vite obnubilé par son travail.

-Merci à toi.

L'androgyne le remerciait également d'être ce qu'il était. Un frère exemplaire, qui donnait de l'amour comme aucun frère ne le ferait pour une personne de son sang. Bill était persuadé que son Tomi était unique. Que seul lui savait transmettre son amour.
Finalement, le beau brun adressa un sourire tendre à son double quand celui-ci tendit ses bras. Evidemment, Bill ne se fit pas prier pour s'y réfugier. Il glissa sa main sur la cuisse de son frère pour l'inciter à remonter ses jambes et quand celà fut fait, il se mit entre. Sa tête brune était nichée dans son cou alors que l'une de ses mains jouait avec une dread.

-Je t'aime plus que tout...Tu es toute ma vie.

Bill redressa doucement son visage et déposa un faible baiser sur les lèvres de son double. Encore quelque chose qui caractérisait leur amour, ou plutôt l'amour que portait l'androgyne à son ainé. Evidemment, ce n'était pas l'amour proprement dit, mais juste une marque d'affection. Dans ce cas précis, c'était un appel au secours. Bill voulait toute l'attention de son frère. Ces baisers, il ne les faisait que rarement. Ca avait dû arriver que trois ou quatre fois. Et dans tous les cas, c'était par detresse ou par besoin d'attention.
Le brun se remit tout contre son frère, n'attendant aucune réponse ou aucun geste de sa part. Tout ce qu'il voulait, c'était l'avoir contre lui, dans ses bras. Les moindres secondes et minutes de vie étaient à prendre. Bill profitait pleinement, du moins, il essayait puisque Tom n'était pas toujours là. Soit il sortait avec ses amis, ce qui déplaisait au brun mais il ne pouvait pas lui ôter toute vie sociale, soit il travaillait pendant des heures. Sa maladie lui avait fait prendre conscience d'énormément de choses. Bill s'excusait intérieurement si ses gestes étaient déplacés, puisqu'ils l'étaient de toute façon, mais il avait vraiment peur de mourir avant de sentir la chose venir. Il voulait rattraper tout le temps perdu, du mieux qu'il le pouvait. Parfois, Bill avait du mal à utiliser ses mots, il avait du mal à dire ce qu'il ressentait. Ses gestes le traduisait.

Bill esquissa un large sourire en sentant la main de son double se glisser sous son tee-shirt. Il avait droit à tellement peu d'attention en ce moment, mais au moins, aujourd'hui il avait sû pourquoi. Tom ne passait pas son temps au téléphone avec ses amis, non. Il se sacrifiait pour lui. Pour Bill. Et cette simple pensée faisait accélérer les battements du coeur de Billou. Il pensait à tellement de choses. Qui prendrait soin de Tom quand l'androgyne serait parti? Avec qui pourrait-il faire ces petits codes? Qui lui donnerait toute l'attention et tout l'amour possible? Personne. Bill en était persuadé. Lui seul pouvait, c'est ce qu'il se disait. La possession était un très grand défaut et malheureusement, le beau brun était plus que possessif.

-Moi aussi je t'aime p'tit frère. Plus que tout au monde.

Ce genre de mots accéléraient encore plus le coeur de l'androgyne, qui s'emballait doucement. Ce n'était pas très bon pour sa santé mais il ne pouvait contrôler ses pulsions, ses battements qui n'en faisaient qu'à leur tête. Bill souffla silencieusement puis ferma les yeux en sentant les lèvres de son double se balader sur son visage. Tout y passait, pour le plus grand plaisir du cadet, qui profitait comme toujours, de ces instants de tendresse, de bonheur et d'amour.
Pendant un court moment, et à cause de son coeur malade, Bill s'était mit à trembler. Ca lui arrivait quelques fois, quand il n'arrivait pas à calmer ses battements. Il fit mine de rien mais c'était dur de passer inaperçu, surtout pour Tom qui avait son corps collé à celui de son frère et ses mains plaquées contre sa peau.

-Ca va pas? Tu trembles..

Bingo.
Bill releva doucement son visage et hocha la tête positivement. Ca allait. Ca allait même trop bien. Là était la raison de ses tremblements soudains. Les moments comme ça étaient tellement rares ces derniers temps que l'organe vitale du jeune homme ne pouvait que s'emballer et battre à tout rompre.

-Si si...Serre moi fort.

L'androgyne se serra lui même un peu plus contre son double et laissa son coeur s'exprimer, peut-être pour une dernière fois.

-J'aimerais tellement être tout pour toi... Ton frère, ton jumeau, ton confident, ton meilleur ami...

Il fit une pause, le temps de chercher ses mots. C'était extrêmement difficile de s'exprimer aussi intimement, même si Bill parlait sans cesse à son frère de l'amour qu'il lui portait.